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En finir avec Eddy Bellegueule

 

Edouard Louis

 

 

Il a 21 ans et raconte son enfance dans un village rural de Picardie, de la honte et du dégoût qu'il éprouve envers ses parents et leur milieu social ouvrier : manque d'argent, promiscuité, alcoolisme, haine, langage pauvre, manque de goût pour les études et d'ambition. Un monde où un garçon doit être un dur qui joue au foot et drague les filles. Il parle de sa souffrance : la difficulté à être différent, "maniéré et efféminé", les regards méprisants de ses parents et des gens du village, les insultes, la violence des garçons de l'école, l'intolérance, le racisme et l'homophobie.

Son seul moyen de sortir de ce monde, c'est la fuite.

 

"De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux."

 

"J'aimais le théâtre, les chanteuses de variétés, les poupées, quand mes frères (et même, d'une certaine manière, mes soeurs) préféraient les jeux vidéo, le rap et le football.

A mesure que je grandissais, je sentais les regards de plus en plus pesants de mon père sur moi, la terreur qui montait en lui, son impuissance devant le monstre qu'il avait créé et qui, chaque jour, confirmait un peu plus son anomalie."

 

"Désemparés devant cette créature qui leur échappait, mes parents tentaient avec acharnement de me remettre sur le droit chemin. Ils s'énervaient, me disaient Il a un grain lui, ça va pas dans sa tête. La plupart du temps ils me disaient gonzesse, et gonzesse était de loin l'insulte la plus violente pour eux- ce que je dis là était perceptible dans le ton qu'ils employaient-, celle qui exprimait le plus de dégoût, beaucoup plus que connard ou abruti. Dans ce monde où les valeurs masculines étaient érigées comme les plus importantes, même ma mère disait d'elle J'ai des couilles moi, je me laisse pas faire."

 

"J'appartenais au monde de ces enfants qui regardent la télévision le matin au réveil, jouent au football toute la journée dans les rues peu fréquentées, au milieu de la route, dans les pâtures qui s'étendent derrière leur maison ou en bas des blocs, qui regardent la télévision, encore, l'après-midi, le soir pendant des heures, la regardent entre six et huit heures par jour. Au monde de ces enfants qui passent des heures dans les rues, le soir et la nuit, à zoner."

 

 

 

 

 

 

 

 

"Pour moi qui ne parvenais pas à être des leurs, je devais tout rejeter de ce monde."

J'ai aimé...

parce que ce récit intime est un témoignage sur le milieu ouvrier et rural du nord de la France.

© 2016 par Balades littéraires.

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