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En 1944, Mila, une prisonnière politique française, est déportée au camp de Ravensbrück en Allemagne. C'est une jeune femme et elle est enceinte. Elle donne naissance à son enfant dans le camp. La Kinderzimmer, c'est la chambre des enfants, une pièce où sont placés les nouveaux-nés, et c'est là où les mères viennent s'occuper de leur bébé. 

 

Il y a plus de 40000 femmes réparties dans les blocks du camp, des Tchèques, des Polonaises, des Allemandes, des Hongroises et des Françaises.

 

 

Survivre

 

Dans le camp, Mila doit survivre à la faim, à la soif, au froid, à la saleté, au travail, à la nudité, aux insultes, aux coups, aux massacres, au crématorium, aux maladies, aux hurlements, aux cadavres, à la mort omniprésente.

"Elles disent qu'il ne faut pas être malade, les malades sont les premières victimes des sélections, qui conduisent à des transports noirs vers d'autres camps, dont ne reviennent que des robes numérotées. Aussi, éviter le Revier, l'infirmerie, qui est un mouroir et vous désigne illico comme charge, plutôt que comme Stück exploitable chez Siemens ou au Betrieb, l'atelier de couture. Au Revier on ne soigne pas. On est parfois empoisonné. On côtoie le typhus, la scarlatine, la coqueluche, la pneumonie. Eviter le Revier le plus longtemps possible. Mila entend. Le Revier c'est la mort. La grossesse, à terme, c'est le Revier donc c'est la mort."

 

Et pour survivre, Mila ne doit pas dire qu'elle est enceinte.

"Parce qu'ici c'est un camp de travail, on épuise les femmes au travail, toutes leurs forces y sont dédiées, ça c'est certain, la grossesse ne fait pas de toi un Stück très productif."

 

Ravensbrück, ça veut dire le pont des corbeaux. 

"Les corbeaux se nourrissent de déchets et de cadavres. Ils nous attendent. Il n'y a pas un bébé dans ce camp, pas une mère parce que mettre au monde c'est mettre à mort. Alors se détacher de l'enfant. Tout de suite."

Dans le camp, la plupart des bébés ne vivent pas plus de 3 mois, ils meurent de maladie.

 

Il faut tenir, ne pas abandonner, résister, ne pas renoncer, les Allemands n'auront pas gagné.

 

 

Une raison de vivre

 

Le bébé dans son ventre, c'est son secret et sa raison de vivre.

"Contre toute attente, ce qui arrive est une échappatoire, le ventre un lieu que personne, ni autorité, ni institution, ni parti ne peut conquérir, coloniser, s'accaparer tant que Mila garde son secret. Elle y est seule, libre, sans comptes à rendre, on peut bien prendre sa gamelle, voler sa robe, la battre au sang, l'épuiser au travail, on peut la tuer d'une balle dans la nuque ou l'asphixier au gaz dans un camp annexe, cet espace lui appartient sans partage jusqu'à l'accouchement, elle les a eus, les Boches; plus qu'un enfant c'est bien ça qu'elle possède: une zone inviolable, malgré eux."

 

 

Témoigner

 

Voir, imprimer en soi, se souvenir des noms, ne rien oublier, des chiffres, des dates, garder intactes les images, les faits, les émotions, et parler.

"Dire maintenant, pour qu'un jour ce soit dit dehors par elle ou par une autre, qu'importe, que celles qui réchappent soient armées de ses yeux à elle, des yeux de toutes.

Pourvu qu'on se souvienne."

 

 

Kinderzimmer

Valentine Goby

 

Actes sud

2013

"Regarde, Mila. Regarde bien, et souviens-toi."

"Elle sait qu'elle va porter Ravensbrück comme elle a porté son enfant : seule, et en secret."

J'ai aimé 

 

C'est un beau roman très fort en émotions, et mis en valeur par une belle écriture.

 

© 2016 par Balades littéraires.

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