Balades  littéraires

Trois fois dès l'aube

 

Alessandro Baricco

 

Traduit de l'italien par Lise Caillat

Ed. Gallimard

2015

 

 

Voici trois histoires qui commencent dans un hôtel. C'est bientôt l'aube, des personnages se rencontrent et se parlent. 

- Dans un hall d'hôtel au charme suranné, un homme et une femme se rencontrent, ils ne se connaissent pas, il est prêt à partir pour signer un contrat important. La femme engage la conversation, pose des questions à l'homme sur son travail. Il est en retard, il doit partir, il insiste. Elle maintient la discussion, s'impose et va avec lui dans la chambre de l'homme.

- Un couple d'amoureux entre dans un hôtel "minable, en périphérie de la ville". La jeune fille est jolie, l'homme plus âgé est dur et violent. Le concierge discute avec la fille, lui raconte un épisode de sa vie, et l'aide à fuir l'homme menaçant.

- Une femme policier, proche de la retraite, garde dans une chambre d'un hôtel "pourri", un jeune adolescent dont les parents sont morts dans l'incendie de leur maison. Elle décide, pour le protéger, de l'emmener dans un endroit plus beau, chez un ami, et en conduisant elle lui parle de son travail.

 

A l'aube, pour chacun d'eux, une nouvelle vie s'annonce. 

 

Les trois histoires semblent liées entre elles, car on y retrouve deux personnages, mais à un autre âge.

 

 

 

J'ai aimé...

 

- l'atmosphère mystérieuse, inquiétante.

On sent une tension dramatique, du suspense. Un événement va arriver, un danger possible, une menace. C'est la fin de la nuit, une lumière particulière, ambiguë, l'aube, "cette heure étrange de la nuit", le passage de l'ombre à la lumière, peut-être une lueur d'espoir. L'aube annonce un changement dans la "course du temps" et dans la vie des personnages. Une nouvelle vie va commencer. 

L'hôtel, lieu de fantasme, et aussi de solitude et d'angoisse, renforce l'ambiguité de l'ambiance. 

Les relations entre les personnages sont tendues, froides. Il n'y pas de gestes d'affection. Les personnages ne se connaissent pas et semblent seuls.

 

- la communication entre personnages.

Ils maintiennent le contact en se racontant des éléments de leur vie, le travail, une histoire, un souvenir marquant. Chaque personnage est ambigü et peut être une menace ou une aide. Grâce à la discussion, à la communication, une vie a peut-être été protégée ou sauvée. 

 

- la photo de couverture du livre.

On ressent la lassitude de cette jolie femme assise sur le lit défait d'une chambre d'hôtel, pendant que l'homme en maillot de corps est au lavabo.

Et on se laisse aller à imaginer plusieurs histoires.

 

- la fin de chaque histoire pourrait être le début d'un autre roman. 

 

Un roman à lire ! J'ai suivi l'histoire en me questionnant pour savoir d'où vient le danger, quels sont les personnages menaçants ou protecteurs. A la fin, le doute laisse la place à l'imagination. C'est une autre histoire.